L’ONG indépendante Amnesty International basée à Londres, rapporte de nouvelles atteintes au droit international humanitaire en Azerbaïdjan pour l’année 2022.
▶️La liberté d’expression, de réunion et d’association reste très restreinte. Arrestations arbitraires et poursuites judiciaires fondées sur des motivations politiques; répressions violentes de manifestations; entraves aux rares médias indépendants et voix critiques, y compris sur internet.
▶️La situation sécuritaire le long de la frontière avec l’Arménie reste fragile. Le corridor de Latchine, seule voie reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie et au monde extérieur, est bloqué depuis le 12 décembre 2022 par des “manifestants” azerbaïdjanais.
▶️La presse reste étroitement bridée. Des sites Internet qui publiaient des opinions dissidentes ont été bloqués et des internautes critiques sur les réseaux sociaux ont été arbitrairement sanctionnés et poursuivis en justice. Après avoir muselé la plupart des organes de presse indépendants du pays, les autorités s’en sont prises aux voix critiques qui publiaient des informations sur l’Azerbaïdjan depuis l’étranger. Le président de la République a promulgué le 8 février 2022 une nouvelle loi sur les médias, aux termes de laquelle les propriétaires d’organes de presse s’adressant à un public azerbaïdjanais devaient résider de manière permanente dans le pays, ce qui les rend vulnérables à la censure et aux persécutions. Cette nouvelle loi renforce le contrôle de l’État sur les médias, entre autres en exigeant des journalistes qu’ils soient enregistrés officiellement et qu’ils fassent leur travail « de manière objective », sans plus de précisions.
▶️Les femmes et les filles sont également victimes de discriminations. Le “Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes” s’est dit préoccupé, le 4 juillet, par le sort des femmes et filles déplacées, qui ne jouissaient que d’un accès limité à l’enseignement, à l’emploi, aux soins de santé et au logement. Le Comité recommandait à l’Azerbaïdjan d’abroger les dispositions du Code du travail interdisant aux femmes l’accès à 204 professions.
Les femmes journalistes semblaient tout particulièrement visées. Le 15 février, la police a arrêté, frappé et insulté deux journalistes, Fatima Movlamli et Sevinj Sadigova, alors qu’elles couvraient des manifestations de mères de soldats azerbaïdjanais décédés. Agressée le 8 mai dans un ascenseur par un inconnu armé d’un couteau, Ayten Mammedova a été légèrement blessée. Les menaces proférées par son assaillant indiquaient clairement qu’il s’en était pris à elle en raison de son travail de journaliste.
▶️Le Bureau du procureur général à Bakou a ouvert une enquête, le 2 octobre, concernant une vidéo mise en ligne peu auparavant et montrant un groupe d’hommes en uniforme militaire azerbaïdjanais rassemblant au moins six soldats arméniens, avant de les abattre. A ce jour, aucun responsable n’a été identifié. De même, aucun réel progrès n’a été réalisé en matière d’enquête sur les crimes de guerre et autres violations du droit international humanitaire commis pendant et juste après le conflit de 2020 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Les responsables présumés n’ont été ni identifiés, ni, à plus forte raison, traduits en justice. D’après un rapport du CICR publié en août, on est toujours sans nouvelles de plus de 300 Arménien(ne)s portés disparus en territoire azerbaïdjanais. Bien que le rapport d’Amnesty ne le précise pas, au vu de la situation de la justice en Azerbaïdjan et eu égard à la politique profondément raciste de l’Etat azerbaïdjanais à l’égard des Arméniens, il n’y a rien à attendre de ces procédures.
▶️ Selon l’Azerbaïdjan, plusieurs personnes ont encore été tuées et blessées en 2022 par des mines que “les forces arméniennes auraient continué de placer sur le territoire repris en 2020 et reconnu comme azerbaïdjanais par la communauté internationale.” Les autorités azerbaïdjanaises ont également affirmé que les cartes de champs de mines fournies par l’Arménie ne seraient pas fiables. Elles ont annoncé en octobre que 45 personnes avaient été tuées et 221 blessées par des mines depuis le conflit de 2020. Fin février 2023, la Cour internationale de justice a rejeté à l’unanimité la demande présentée par l’Azerbaïdjan d’appliquer des mesures intermédiaires et d’obliger l’Arménie à « mettre fin à la pose de mines sur des territoires azerbaïdjanais et au transport de ces mines par le corridor de Latchine ».
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