Sur CIVILNET.AM, Fehim Tashtekin, journaliste chez Duvar et Al Monitor, spécialisé dans les questions de politique étrangère turque dans le Caucase et au Moyen-Orient, revient sur l’aide humanitaire envoyée par l’Arménie à la Turquie suite au tremblement de terre qui avait touché le pays; la normalisation des relations entre l’Arménie et la Turquie; ainsi que sur la situation politique intérieure en Turquie : les prochaines élections et la popularité d’Erdogan.
🗨️ “L’Arménie a tendu la main à la Turquie dans cette situation difficile, ce qui est très précieux. Ce geste a été apprécié tant au niveau politique que populaire. La visite du ministre arménien des Affaires étrangères en Turquie est un événement important, disons qu’il rompt un peu la glace. Mais il faut être réaliste et comprendre qu’il existe un certain nombre d’obstacles dans les relations entre l’Arménie et la Turquie. La situation n’a pas changé depuis 1993. A cela s’ajoute la récente guerre du Karabakh, à la suite de laquelle se posent les problèmes d’un traité de paix entre Erevan et Bakou, la question de l’ouverture de couloirs, et tout ceci implique qu’il y a une ou des conditions préalables au rétablissement des relations entre l’Arménie et la Turquie. En outre, il y a aussi la question du statut du Karabakh, qui n’est pas résolue du point de vue d’Erevan. On ne peut donc pas s’attendre à un règlement dans de telles conditions.”
🗨️ “La Turquie ne fera pas un pas sérieux vers la normalisation des relations avec l’Arménie avec ces problèmes existants. L’une des raisons est qu’il existe une coopération économique très sérieuse entre l’Azerbaïdjan et la Turquie. La question n’est pas tant une question d’États, qu’une question de cercles gouvernementaux. Par conséquent, personne ne voudra contrarier le gouvernement d’Aliyev.”
🗨️ “Les relations Arménie-Turquie doivent recevoir un soutien extérieur, par exemple, par les États-Unis, le Canada, l’UE. L’attitude de la Russie est également très importante ici, car Moscou joue un rôle clé dans cette région.”
🗨️ “Théoriquement, l’Arménie et la Turquie pourraient rapidement surmonter l’hostilité, mais il y a certainement des difficultés sur le chemin. Par exemple, la question du génocide du côté arménien, avec laquelle la Turquie n’est pas d’accord․ Il existe également de nombreuses difficultés fondamentales du côté turc, par exemple, le nationalisme qui domine l’élite du bloc dirigeant. Cela entrave la formation d’idées saines sur l’Arménie.”
🗨️ “À l’heure actuelle, la Turquie a des objectifs communs avec l’Azerbaïdjan. Mais des élections sont attendues en Turquie. Dans un nouvel environnement politique, tout pourrait changer. Erdogan n’a aucune chance de gagner les élections dans les conditions actuelles. “