Le 9 mars, l’ONG américaine Freedom House a publié son rapport annuel sur la liberté dans le monde. Cette année, la Géorgie est en tête du classement dans la région, suivie de l’Arménie qui affiche une légère baisse en raison de l’agression militaire de l’Azerbaïdjan en 2022. L’Azerbaïdjan, l’Iran, la Russie et la Turquie sont classés comme des pays “non libres”. L’Azerbaïdjan est parmi les 16 “pires des pires” pays du monde pour les droits politiques et les libertés civiles.
Freedom House a publié la dernière édition de son rapport annuel La liberté dans le monde, maintenant le statut “partiellement libre” de l’Arménie. Le rapport a donné à l’Arménie une note de 54 sur 100 points, divisée en 23 points pour les droits politiques et 31 points pour les libertés civiles. Le rapport de cette année mentionne l’Arménie comme l’un des 10 pays qui “méritent une attention particulière en 2023”, en citant une détérioration de la liberté d’être abrité de la guerre*, à la suite de l’agression militaire de l’Azerbaïdjan en septembre 2022. Cet indicateur, qui mesure la liberté de vivre en paix et en sécurité, est de 1 sur 4. Le rapport avertit également que “l’Azerbaïdjan continue de menacer le gouvernement démocratique de l’Arménie et d’augmenter le risque d’une guerre à grande échelle”.
La Géorgie est en tête du classement dans la région du Caucase avec le meilleur score. Elle a maintenu son statut «partiellement libre» avec une note de 58 points. Selon le rapport, l’Iran ( 12 sur 100), la Russie ( 16 sur 100) et la Turquie ( 32 sur 100) sont tous classés comme des pays “non libres”. L’Azerbaïdjan, avec un score de 9 sur 100, figure parmi les 16 “pires des pires” pays du monde pour les droits politiques et les libertés civiles.
Le rapport souligne également que tous les anciens pays soviétiques de la région, à l’exception des trois Etats baltes, ont été classés comme «partiellement libres» ou «non libres». La Moldavie, l’Ukraine, la Géorgie et l’Arménie sont engagés dans des processus de démocratisation, dans lesquels l’environnement régional autoritaire et/ou la guerre sont des obstacles majeurs. Au Caucase du sud, l’Arménie et la Géorgie forment un îlot démocratique qui doit encore réussir à consolider sa transition. La lutte de ces jeunes démocraties pour maintenir et renforcer leurs institutions démocratiques face à des pays autoritaires et, concernant l’Arménie, lui posant un risque de sécurité critique, bénéficierait de dynamiques de coopération, en particulier au niveau des sociétés civiles.
Le conflit avec l’Azerbaïdjan en 2022 a exacerbé les difficultés rencontrées par l’Arménie. L’agression militaire de l’Azerbaïdjan en septembre 2022 a entraîné une détérioration de la situation sécuritaire et un impact négatif sur la liberté de vivre en paix et en sécurité en Arménie. Le gouvernement arménien fait face à la fois à des défis internes en matière de gouvernance et à des défis externes en matière de sécurité, avec une pression continue de l’Azerbaïdjan.
En Géorgie, la semaine dernière le parlement a adopté un projet de loi sur les agents étrangers. Cette loi exige que les ONG qui reçoivent un financement étrangers et qui sont considérés comme ayant une activité politique se fassent enregistrer en tant qu’agents étrangers. Ce texte rappelle une loi similaire adoptée en Russie en 2012, que les autorités russes ont abondamment utilisée pour réprimer les médias, les organisations d’opposition et toute autre voix critique. Devant la mobilisation de la société géorgienne et la pression des partenaires occidentaux de la Géorgie, ce projet de loi a été retiré
Cela souligne les défis persistants auxquels est confrontée la jeune démocratie géorgienne dans la protection des libertés civiles et la préservation des institutions démocratiques face aux pressions extérieures et intérieures.
Dans l’ensemble, la région est marquée par une tension constante entre les aspirations démocratiques et les réalités autoritaires. Les défis sont nombreux et complexes, allant de la corruption et du clientélisme à la sécurité nationale et à la stabilité régionale. La consolidation de la démocratie et des libertés civiles dans cette région du monde est loin d’être acquise et requiert pour être poursuivie une détermination sans faille des sociétés concernées.
* L’origine de l’expression “vivre à l’abri de la guerre” remonte à la Charte des Nations unies, adoptée en 1945 pour promouvoir la coopération internationale et prévenir les guerres à l’avenir. “La liberté d’être abrité de la guerre” fait référence au droit des citoyens d’un pays de vivre sans être directement impliqués dans des conflits armés ou des hostilités. Une détérioration de la “la liberté d’être abrité de la guerre” signifie que les citoyens ne sont plus en mesure de vivre en paix et en sécurité, et qu’ils peuvent être exposés à des violences, des destructions ou des pertes en raison de conflits armés ou de tensions militaires dans leur pays ou leur région. Dans le cas de l’Arménie, la note a été abaissée à cause de l’attaque de l’Azerbaïdjan qui a aggravé la situation sécuritaire et a affecté la liberté des citoyens de vivre en paix.