Le 8 août dernier, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et les États-Unis ont signé une déclaration conjointe prévoyant notamment la création de la « Trump Route for International Peace and Prosperity » (TRIPP), communément appelée Route Trump. Le texte évoque également un accord pour l’établissement de la paix et des relations interétatiques entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. A la suite de cette signature, les deux parties sont tombées d’accord pour demander la cessation formelle du Groupe de Minsk de l’OSCE qui avait assuré la médiation sur le conflit du Haut-Karabakh de 1994 à 2020. Est-ce la fin d’un vieux conflit, comme s’est plus à le pronostiquer le président américain ?
Dans une interview accordée à CivilNet le 12 septembre 2025, Taline Papazian, politologue, professeure en relations internationales et science politique à Sciences Po et directrice d’Armenia Peace Initiative (API), présente les risques et les opportunités des accords de Washington et de la Route Trump pour l’Arménie, l’Azerbaïdjan et plus largement pour la région du Caucase du sud.
Les thèmes abordés dans l’interview :
- Retour sur les évolutions du terme corridor en relations internationales pour mieux faire la différence entre enjeux réels et fantasmés et identifier rationnellement les risques et les opportunités géopolitiques de la Route Trump.
- Analyser les risques et opportunités pour l’Arménie, l’Azerbaïdjan et plus largement la région du Caucase du sud et au-delà en s’affranchissant d’une lecture binaire où ce qui est bon pour l’Azerbaïdjan est nécessairement mauvais pour l’Arménie et vice-versa. La Route Trump amène un potentiel de désenclavement en plusieurs directions et de développement d’une variété d’infrastructures. Ses retombées positives sont potentiellement diverses et couvrent aussi bien le développement économique que diplomatique de l’Arménie et de la région.
- Dans la réalisation de ce potentiel, il y a des paramètres qui ne dépendent pas de l’Arménie, comme par exemple l’évolution des conflits dans lesquels sont impliqués l’Iran ou la Russie et les négociations diplomatiques afférentes ; et il y a des paramètres qui dépendent de l’Arménie consistant en résumé à transformer rapidement et intelligemment ce potentiel en plan de travail.
La Route Trump et plus généralement les accords de Washington amènent la possibilité d’une saine compétition pour le désenclavement et le développement de la région, qui peut bénéficier à tous.
La phase qui s’est ouverte depuis le 08 août dernier, consistant à « remplir les trous » de ces accords- cadres pour les rendre concrets, est par conséquent cruciale. Les partenaires de confiance qui ont su accompagner l’Arménie au plus près dans les années de forte tension et de risque omniprésent (2021-2025), au premier rang desquels la France, seront aussi indispensables dans la phase de concrétisation des accords de Washington.
La réalisation des gains escomptés par ces accords en termes de stabilisation, pacification et développement exige donc de la diplomatie arménienne d’être particulièrement proactive pour que des opérateurs publics et privés venus d’horizons très divers s’engagent dans ce projet.
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