Après la guerre du Karabakh de 2020, Cyril Harpoutlian décide de participer à la reconstruction de l’Arménie via une école du numérique gratuite, solidaire et inclusive. Son projet ambitieux et novateur trouve, dès son origine, le soutien financier d’Armenia Peace Initiative. Dans cet article, Cyril nous raconte la naissance et le long chemin parcouru par Relq, son succès ainsi que les nouveaux défis qui se posent au projet.
RELQ naît à la fin de la guerre dévastatrice de 44 jours au Karabakh avec une ambition forte : favoriser la réintégration sociale des populations meurtries, fragilisées et handicapées par la guerre via une formation gratuite aux métiers du développement informatique․ C’est le fils de Cyril Harpoutlian qui lui inspire l’idée de la création d’une école du numérique. « Durant la guerre, je passais mes week-ends avec mes enfants à faire des colis médicaux et alimentaires pour les envoyer en Arménie, aux familles touchées par la guerre, se souvient Cyril. Mais un jour, mon fils, agé de 9 ans à l’époque, m’a dit, avec une voix désespérée, d’avoir l’impression que ce que nous faisions ne servait pas à grand chose. A ma question qu’est ce que je pourrais faire, il a répondu sans hésitation : apprends-leur à faire ton métier, papa !». Cette phrase résonne comme un déclic, et l’action ne tarde pas. Cyril décide de lancer un projet à fort impact sociétal qui permettrait aux personnes touchées par la guerre de trouver du travail en Arménie et d’entretenir une dynamique vertueuse sur le long terme.
Relq repose sur quatre piliers : inclusion, réseau, expérimentation, impact. La mission de l’école est donc de surmonter les fardeaux sociaux et développer des communautés connectées et autonomes en interaction active avec d’autres programmes. Relq a également pour objectif de développer une culture d’expérimentation pratique avec les bons acteurs pour favoriser la transition vers le marché du travail mais surtout de promouvoir la technologie et l’innovation pour un impact durable. C’est une école du futur qui souhaite contribuer aux défis sociaux, environnementaux et économiques de l’Arménie.
La route est longue, la réussite – grande
Sur la route de la réalisation de ce projet ambitieux, Cyril a rencontré pas mal de difficultés dont la plus importante était la recherche de financements. « Ce n’est un secret pour personne que la recherche d’un premier sponsor est la chose la plus difficile lors de la réalisation d’un projet. Une fois qu’on le trouve, les autres le suivent. Dans ce sens, la confiance et le soutien d’Armenia Peace Initiative étaient extrêmement importants pour nous, souligne le fondateur de Relq. API a été l’un des premiers organismes à nous faire confiance sur la base d’ un projet qui n’existait pas encore. Cette confiance nous a aidé à trouver d’autres sponsors. Ainsi, il y a eu tout un élan de solidarité qui nous a permis de lever suffisamment de fonds pour assurer le financement de la première année de Relq».
L’autre difficulté était le recrutement d’une équipe responsable en Arménie, en France et aux Etats-Unis. Cyril Harpoutlian fait remarquer qu’aujourd’hui RELQ fonctionne grâce à un personnel déterminé qui croit à la force de la technologie et de l’éducation. « Tout cela n’aurait pas été possible sans une équipe enthousiaste : Tania Aydenian, Xavier Kutalian, Valentina Poghosyan, Seda Papoyan». Sélectionné dans la roadmap stratégique du programme « Ambitions France-Arménie », Relq est placé sous le haut patronage d’Emmanuel Macron et de Jean-Baptiste Lemoyne.
«Le code informatique comme une thérapie»
L’ensemble des apprenants ont des parcours de vie assez compliqués. Il y a des histoires qui ont particulièrement marqué Cyril. « Je garde le souvenir d’une femme du Karabagh qui avait perdu son mari et son frère durant la guerre et était restée seule avec ses trois enfants. Elle voyait en Relq un point d’attache qui lui permettrait de revenir à la vie d’ une certaine manière, se souvient Cyril. Je ne peux pas non plus oublier les propos d’un soldat, handicapé par la guerre, qui voyait le code informatique comme une thérapie. A cause de tout ce qu’ il avait subi pendant la guerre, il n’ arrivait plus à se concentrer. Et Relq, au-delà de ce qu’elle lui a apporté en termes de compétence, l’a aussi aidé à reprendre goût à la vie et la force de lutter contre son handicap. Je trouve ça formidable. C’est notre plus belle réussite!», conclut Cyril.
Pourquoi financer RELQ ?
Chaque année, il manque en Arménie entre 2000 et 3000 informaticiens. Relq a pour objectif de former massivement des personnes au numérique mais surtout de les accompagner à l’emploi. « Il y a une traction extrêmement forte. Les informaticiens ont un niveau de vie qui est sans équivalent par rapport aux autres métiers. Et comme nous souhaitons que les gens restent en Arménie et qu’ils puissent vivre d’un travail bien rémunéré, cette formation est la meilleure solution. Donc, grâce au Relq nous offrons non seulement du travail aux personnes fragilisées, mais aussi l’envie de rester en Arménie et de travailler pour la tech arménienne.». Les résultats prouvent que le prototype Relq fonctionne parfaitement. « 80 personnes formées en moins d’ un an : ce chiffre est assez significatif. On avance avec un objectif ambitieux de doubler la taille de la promo et de passer à environ 200 apprenants en 2022-2023.».
Étant une formation 100% gratuite, Relq vit de subventions. Ce qui veut dire que pour aller plus loin, il a besoin de financement régulier. Comme le souligne le fondateur de Relq, le soutien du gouvernement arménien serait très important pour le développement du projet. « On voit Relq comme un outil à l’emploi de la population de Karabagh et d’Arménie. Dans ce contexte, on voudrait que le gouvernement arménien soit le sponsor de notre démarche. On souhaite que cette initiative Relq, poussée aujourd’hui par une équipe de bénévoles en France, en Arménie et aux Etats-Unis devienne un vrai programme à l’échelle nationale, porté par le gouvernement. On a déjà l’équipe, la méthode et les preuves. Nous avons donc tout ce qu’il nous faut pour réussir. Ce qui nous manque désormais, ce sont le financement et le soutien du gouvernement arménien».
N.B. Vous pouvez découvrir Relq ici.