La seule route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie et au reste du monde est bloquée depuis le 12 décembre. Le Centre pour le droit et la justice, dirigé par l’ancien Défenseur des droits d’Arménie, Arman Tatoyan, et le Défenseur des droits de l’homme d’Artsakh ont publié un rapport conjoint sur les soi-disants « éco-activistes » bloquant le corridor de Latchin. L’étude des profils de dizaines d’entre eux met en évidence des liens directs et profonds avec le gouvernement azerbaïdjanais.
Le Centre pour la loi et la justice Fondation Tatoyan et le Défenseur des Droits de l’Homme d’Artsakh ont publié un rapport conjoint de 300 pages révélant la nature politique des soi-disant « éco-activistes » qui bloquent le corridor de Latchin, mettant sous siège les 120000 habitants du Haut-Karabakh. Aidé par une équipe de journalistes et d’avocats qui ont entrepris d’étudier plus d’une centaine de profils publics, personnels et professionnels en langue azérie, comprenant posts, photos, vidéos et témoignages, ce rapport met en évidence les différents types de liens entre ces acteurs du blocus et le gouvernement azerbaïdjanais. Ils et elles sont journalistes de l’agence de presse azerbaïdjanaise ou d’autres medias sous contrôle du gouvernement; enseignants, y compris de l’Université d’Etat de Bakou; agents de différentes organisations publiques azerbaïdjanaises (service public, agence de développement régional); membres du parti du “Nouvel Azerbaïdjan” au pouvoir depuis 1993 ou des organisations de jeunesse de ce parti; sans oublier militaires de carrière.
Photos et extraits de discours d’Ilham Aliyev choisis parmi les plus militaristes et virulents sont nombreux sur ces profils. Messages de haine et de violence contre les Arméniens y fleurissent : de la glorification de Ramil Safarov, le “héros” azerbaïdjanais ayant décapité un collègue arménien lors d’une formation dans le cadre du “partenariat pour la paix” de l’OTAN en 2004, aux clichés racistes des Arméniens accapareurs de terres et implants artificiels dans la région, à l’Arménie “terre historique azerbaïdjanaise”. Les sympathies pour l’organisation ultranationaliste turque des Loups gris figurent en bonne place. D’écologie, point, avant le 12 décembre 2022. Les objectifs de “l’opération” sont ailleurs et les moyens pour y parvenir sont militaires.
Le rapport révèle qu’au démarrage du blocage du corridor, des travailleurs turcs et azéris ont été engagés à Chouchi, ainsi que des militaires et des agents de sécurité azéris. Le nombre de comptes de militaires d’active et de réserve recensé dans le rapport est significatif, souvent des officiers supérieurs de l’armée azerbaïdjanaise. La formation des officiers azerbaïdjanais au sein des écoles militaires turques est la voie royale depuis 2010 et les deux armées ont comme objectif une intégration dans les prochaines années. Le drapeau turc avait d’ailleurs initialement été hissé puis retiré de plusieurs photos.
Des représentants d’organisations non-gouvernementales financées par le budget de l’État azéri – des “Gongos”- et des journalistes officiels ont également été envoyés sur place dès le démarrage du blocus.
Ce rapport sera envoyé aux organisations internationales compétentes pour examen. Vous pouvez le trouver sur le site de la Fondation Tatoyan.
Bien que la Cour internationale de justice ait ordonné à l’Azerbaïdjan, mercredi 22 février, de mettre fin au blocus du corridor de Latchine, la route reste fermée à ce jour. Dans ce contexte, il est crucial que le Conseil de sécurité prenne des mesures nécessaires pour assurer l’application de cette ordonnance.