Le 10 décembre 2024, à l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’Homme et de l’anniversaire de la Convention de Genève, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a organisé une cérémonie à Paris pour récompenser les lauréats du 37e Prix des droits de l’Homme de la République française. Le thème choisi pour l’édition 2024, « Protection des droits humains des personnes civiles dans toute situation liée à un conflit armé », a mis en lumière des actions entreprises par des personnalités ou des associations œuvrant pour la protection pacifique des droits humains mis à mal par des situations de conflits armés.
Dans un monde qui recense une centaine de points de conflits armés et de plus en plus d’Etats voyous qui bien que membres de l’ONU piétinent la Convention de Genève, le Prix des Droits de l’Homme de la République française vient rappeler l’importance des actions de la société civile pour continuer de faire vivre et respecter l’esprit de Genève. Armenia Peace Initiative (API) a reçu une mention spéciale pour son projet de formations aux premiers secours auprès des populations arméniennes des régions frontalières avec l’Azerbaïdjan. Cette initiative vise à renforcer les compétences des civils et des personnels professionnels confrontés à des situations de crise de grande ampleur, réaffirmant ainsi l’importance de la dignité humaine et de la préservation des vies.
Un prix historique
Créé en 1988, le Prix des droits de l’Homme « Liberté – Égalité – Fraternité » reconnaît le rôle fondamental des organisations de la société civile dans la promotion et la protection des droits fondamentaux. Chaque année, cinq lauréats reçoivent une dotation de 14 000 euros pour soutenir leurs projets, tandis que cinq mentions spéciales sont attribuées à des initiatives remarquables.
L’édition 2024 a marqué le 75e anniversaire des Conventions de Genève, piliers du droit international humanitaire. Ces conventions rappellent l’obligation de protéger les populations civiles dans les conflits armés, une règle trop souvent violée. Comme le souligne Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH : « Le droit international humanitaire n’est ni une promesse ni une œuvre de charité, mais un corpus juridique qui engage toutes les parties à le respecter. »
Cette année, le Prix a été remis par M. Didier Migaud, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, et M. Jean-Marie Burguburu lors d’une cérémonie officielle marquée par des discours éloquents sur l’importance du droit international humanitaire et de toutes les initiatives qui contribuent à sa réalité sur le terrain.
Les lauréats de l’édition 2024
- Mandela Center International (Cameroun)
Ce projet documente les violations graves des droits humains et facilite l’accès à la justice pour les victimes dans les zones de conflit au Cameroun et en République Centrafricaine. - César (pseudonyme, Syrie)
Ancien photographe du régime syrien, il a déserté deux ans après le début du conflit syrien, avec des milliers de clichés, souvent de corps torturés, documentant les atrocités pour sensibiliser la communauté internationale. - La Société des droits de l’Homme « Ezgulik » (Ouzbékistan)
Seule ONG oeuvrant sur les Droits de l’Homme reconnue en Ouzbekistan, le projet lutte contre l’enrôlement forcé dans l’armée russe des travailleurs ouzbeks en Russie. - Ludirlena Pérez Carvajal (Colombie)
Militante des droits des femmes, elle soutient les survivantes de violences sexuelles, dont elle fait elle-même partie, dans le cadre du processus de justice et de paix. - Organisation des Citoyens pour une Nouvelle Haïti (Haïti)
L’ONG prévoit de créer un centre d’accueil pour les personnes déplacées internes, avec un soutien psychosocial et médical.
Les mentions spéciales
Parmi les initiatives distinguées, Armenia Peace Initiative (API) a été récompensée pour son projet innovant de formation aux premiers secours en conditions extrêmes. Ce programme, développé dans la région frontalière du Tavush, située à la frontière de l’Azerbaïdjan, vise à renforcer les capacités des civils et du personnel professionnel (médical et de sauvetage) dans une zone marquée par les tensions. Le projet inclut une formation aux premiers secours pour les personnes blessées dans le cadre de conflits, en suivant un protocole établi par l’OTAN et transféré avec succès dans le monde civil.
Fondée en avril 2020 par Taline Papazian, enseignante et chercheuse en science politique, spécialiste du conflit du Haut-Karabakh, API a pris une place parmi les acteurs de la paix dans le Caucase du Sud, à la fois via le dialogue avec la société civile azerbaïdjanaise et des actions de terrain pour renforcer la sécurité humaine en Arménie. En remerciant pour cette distinction, Taline Papazian a ajouté que “c’est un grand honneur pour API, qui oblige à toujours faire mieux pour protéger les populations civiles arméniennes vivant à la frontière avec l’Azerbaïdjan, en guerre larvée aujourd’hui, peut être ouverte demain, pour que leurs droits, dont celui de vivre, soient bien réels.”
Ce prix marque une étape importante dans le parcours de notre jeune organisation et une reconnaissance internationale pour nos efforts.
Merci à tous nos partenaires et soutiens qui rendent nos actions possibles ! Ensemble, continuons à renforcer la résilience des populations civiles arméniennes et à bâtir un avenir plus sûr pour la région.
Les autres mentions spéciales incluent :
- Avocats Sans Frontières France et SEMA (Ukraine) : Lutte contre l’impunité des crimes de guerre.
- SOS MÉDITERRANÉE France : Sauvetage de migrants en Méditerranée.
- Céline Bardet (We Are NOT Weapons Of War) : Lutte contre les violences sexuelles en zones de conflit.
- Sah Terence Animbom (Cameroun) : Promotion des droits humains dans la crise du Cameroun anglophone.