Mot du Président

Vighen Papazian, président d’Armenia Peace Initiative

Ce projet me tient à cœur pour des raisons familiales et personnelles. L’histoire de ma famille, comme celle de beaucoup d’arméniens de ma génération (la troisième à compter de l’exécution du génocide de 1915-1918) a été de gagner sa place au soleil dans un pays d’accueil, de réussir professionnellement.

Je me définis sous une double identité, et pour la décrire je reprendrais à mon compte l’expression de Charles Aznavour : « 100% français et 100% arménien ».

Aujourd’hui, j’ai cette envie de rendre à mes deux pays un peu de ce qu’ils m’ont apporté. Mon héritage familial parle. Mon père, Arlen Papazian, était un militant engagé de la cause arménienne ; décédé trop tôt, sa personnalité a néanmoins marqué la communauté arménienne de France. Notre famille toute entière a grandi dans les valeurs de l’arménité et de l’engagement politique. Cet engagement est trans-générationnel. Ma fille aînée, Taline, a consacré son doctorat de science politique à étudier l’État arménien moderne et le conflit du Haut-Karabakh. Au fil de ses travaux, elle est devenue une personnalité reconnue dans les milieux académiques pour son expertise sur les questions de sécurité au Caucase du sud. Mes deux fils ont quant à eux choisi de quitter la France, pour la Chine d’abord, puis  les Etats-Unis et pour finalement s’établir depuis trois ans en Arménie. Ce retour aux sources s’accompagne de projets novateurs et engageants pour leur pays d’origine en apportant leurs expertises « diasporiques » dans leurs domaines de compétences pour exploiter les atouts prometteurs pour l’avenir de ce pays dans le domaine des technologies. 

Armenia Peace Initiative s’insère donc à la fois dans une histoire familiale et binationale. La paix et la sécurité restent pour l’Arménie un enjeu séculaire : enclavée, sous blocus, et en guerre si ce n’est ouverte, à tout le moins larvé. La France, en tant que partenaire essentiel du groupe de Minsk, s’est engagée depuis des années pour faire aboutir le processus de paix dans la région du Sud Caucase. Mais les conditions de la sécurité et de la paix sont aussi politiques -avec la promotion de la démocratie-, culturelles avec le développement des arts et de la culture, économiques pour permettre à la population de rester au pays, et éducatives pour fournir à l’ensemble de la jeunesse un niveau éducatif conforme aux standards internationaux.

Ce projet est vaste et ambitieux et nous ne pourrons pas tout faire, mais chaque pierre posée pour construire cet édifice permettra d’avancer. Je me réjouis de pouvoir aider à renforcer ce lien France-Arménie et à œuvrer pour sécuriser la paix dans cette région du monde.