La plateforme médiatique d’opposition russe Meduza, fait état d’instructions claires de la part du Kremlin sur la manière de couvrir la situation en Arménie et au Haut-Karabakh. Selon l’enquête publiée le 20 septembre 2023, le manuel méthodologique exige de blâmer le gouvernement de la République d’Arménie et l’Occident pour les développements autour du Haut-Karabakh; de souligner que toute la faute du drame qui se joue en Artsakh tient à la reconnaissance par l’Arménie de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan; et d’insister sur le “sauvetage” des Arméniens “loyaux” par Moscou.
Meduza a pu mettre la main sur le vade-mecum envoyé par l’administration présidentielle russe aux médias publics et aux médias pro-Kremlin le 19 septembre dernier. Le Kremlin y recommande de rendre l’Arménie et les pays occidentaux responsables de l’escalade du conflit dans le Haut-Karabakh. L’accent doit être mis sur le fait que “les dirigeants arméniens ont reconnu la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Karabagh”, et pour confirmer cette thèse, l’administration présidentielle conseille de citer les déclarations du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan faites en octobre 2022. Pashinyan et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev avaient parlé du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de leurs pays. Le Premier Ministre arménien avait déclaré à Prague, à l’issue de la rencontre quadripartite médiée par Macron et Michel qu’il reconnaissait l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.
En ce qui concerne le statut des soldats de la paix russes, les médias progouvernementaux devraient parler de leur aide apportée à “l’évacuation de la population civile”. Par ailleurs, les auteurs du manuel recommandent de mentionner que les gens trouvent “abri” dans une église orthodoxe située sur la base du contingent russe de maintien de la paix.
Au cours des derniers mois, la Russie a considérablement intensifié sa stratégie en passant d’allusions subtiles à une attaque directe dans le domaine de l’information contre l’Arménie. Cette offensive ne se limite plus aux experts et aux médias, mais s’étend également à travers des canaux de communication officiels tels que les chaînes Telegram du vice-ministre du Conseil de sécurité de Russie, Dmitri Medvedev, et de la représentante officielle du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, ainsi que les discours récents du président russe.
Anna Baghdasaryan