Sur le plateau de 1inTV, Taline Papazian, politologue et directrice d’API Armenia Peace Initiative est interrogée par le journaliste Sako Aréan sur la crise humanitaire en cours dans le Haut-Karabakh, sur les attentes de l’Arménie et le rôle de l’Occident, sur le positionnement de l’Arménie au sein de la région ainsi que sur les relations entre l’Arménie et la Turquie.
Voici quelques extraits marquants de l’émission :
Notre éventail de mesures pour prévenir la crise humanitaire au Haut-Karabakh n’est pas encore épuisé, mais les ressources à disposition sont faibles, et le rythme de leur impact est extrêmement lent. En suivant ce rythme, pouvons-nous réellement prévenir les périls les plus aigus qui menacent la population arménienne du Haut-Karabagh ? La réponse est non. Par conséquent, il serait irresponsable de compter sur ces ressources dans des calculs de scénario à court et moyen terme.
En bloquant le corridor de Lachine, l’Azerbaïdjan résout un problème politique. L’Arménie, de même que le Haut-Karabakh, doivent situer leurs discours et leurs actions dans un cadre politique. Les deux parties devraient faire preuve de suffisamment d’intelligence et de sang-froid pour adopter des positions différenciées de manière concertée, même si leurs intérêts ne concordent pas à l’heure actuelle. Il est nécessaire d’établir un accord clair et un dialogue entre l’Arménie et le Haut-Karabagh, éléments qui font actuellement défaut. Cette lacune démontre l’absence de comportement politique, au sens d’étatique.
Ce que nous considérons comme une menace de génocide n’est pas encore le cas pour la communauté internationale. Il faut bien réfléchir avant d’utiliser le mot « génocide », il ne faut pas se laisser guider par les émotions.
Nous n’avons pas d’alliés dans la question du Haut-Karabakh, et le soutien de la France n’est qu’humanitaire. […] Peut-on réellement compter sur l’Occident pour résoudre les problèmes de cette région ? À mon avis, non. L’Arménie et son peuple sont confrontés à un défi majeur lié aux perceptions qu’ils ont de leurs voisins et aux représentations que ces derniers ont d’eux. C’est une dynamique à double sens, une question complexe. Notre responsabilité réside dans la compréhension de la manière dont nous nous positionnons au sein de la région du Caucase du Sud et dans la recherche d’une façon de communiquer avec nos voisins. Il est essentiel que notre positionnement soit intelligible pour eux, tout en travaillant à une compréhension mutuelle.
La Turquie est en train de consolider sa position dans la région. Dans ce contexte, l’Arménie a-t-elle intérêt à jouer un rôle d’obstacle sur cette trajectoire ? En d’autres termes, il serait plus avisé pour nous d’être un voisin qui puisse être compris par la Turquie. Notre rôle historique pourrait constituer une base sur laquelle nous appuyer. La communauté arménienne en Turquie a joué un rôle significatif pendant des siècles. À présent, plutôt que d’insister continuellement sur la question du Génocide, il serait peut-être plus judicieux pour nous d’agir autrement. La phase de normalisation en cours est très importante, mais elle est lente et n’a lieu qu’à un seul niveau, celui des deux représentants spéciaux. Il est crucial d’impliquer les sociétés civiles, les journalistes, universitaires, entrepreneurs, en parallèle.