« L’Azerbaïdjan doit mettre fin au blocage du Haut-Karabakh » 

Photo par la Cour internationale de justice

Le 22 février 2023, la Cour internationale de justice de l’ONU a ordonné à l’Azerbaïdjan de mettre fin au blocage du couloir de Latchine, la seule route reliant le Haut-Karabakh au reste du monde, fermée depuis 74 jours. La Cour a également rejeté à l’unanimité la demande présentée par l’Azerbaïdjan d’appliquer des mesures intermédiaires et d’obliger l’Arménie à « mettre fin à la pose de mines sur des territoires azerbaïdjanais et au transport de ces mines par le corridor de Latchine ».

La Cour internationale de justice a ordonné à l’Azerbaïdjan, « dans l’attente de la décision finale en l’affaire, de prendre toutes les mesures à sa disposition pour assurer la circulation sans entrave des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Latchine dans les deux sens ».

« Le tribunal constate qu’à partir du 12 décembre 2022, le lien entre le Haut-Karabakh et la République d’Arménie via le corridor de Lachine est perturbée. […] Selon les informations du tribunal, la perturbation de la circulation dans le couloir de Lachine s’applique également à ceux qui se trouvent dans les hôpitaux du Haut-Karabakh. Selon les informations, l’importation de biens vitaux au Haut-Karabakh a été entravée, ce qui a entraîné une pénurie de nourriture et de médicaments », a déclaré Joan Donoghue, juge présidente de la Cour internationale de justice (CIJ) lors d’une audience. Elle a conclu qu’il y avait « urgence » à mettre fin au blocus qui pourrait causer « un préjudice irréparable ».

Yeghiché Kirakosyan, représentant de l’Arménie pour les affaires internationales, qui a participé à la publication de la décision du tribunal de La Haye sur le couloir de Lachine, souligne qu’elle est d’une importance capitale, car les décisions du tribunal sont juridiquement contraignantes : « La présidente du tribunal, en lisant la décision, a souligné qu’elle crée une obligation juridique. Cela veut dire qu’en plus de l’obligation tripartite, l’Azerbaïdjan a une autre obligation juridique d’assurer la sécurité du transport des biens et des personnes à travers le corridor de Latchine dans les deux sens. Il s’agit d’un développement clé à la fois d’un point de vue sécuritaire et juridique », explique Yeghiché Kirakosyan. Il est convaincu : si Bakou ne se conforme pas à la décision du tribunal, cela discréditera l’Azerbaïdjan aux yeux de la communauté internationale, et entraînera de graves complications pour ce pays. Kirakosyan a souligné que la partie arménienne devrait utiliser politiquement la décision sur toutes les plateformes possibles et tout faire pour rappeler constamment à la partie azerbaïdjanaise et à la communauté internationale cette nouvelle obligation. « Ainsi, je ne pense pas qu’il soit dans l’intérêt de la partie azerbaïdjanaise de ne pas appliquer cette décision », souligne Kirakosyan.

En saluant la décision de la plus haute juridiction de l’ONU, le Ministère arménien des Affaires étrangères a appelé « les partenaires internationaux à prendre des mesures efficaces pour assurer l’application immédiate de la décision de la Cour ». Continuant à nier en bloc toute responsabilité dans la fermeture du corridor de Latchine, le ministère azerbaïdjanais des affaires étrangères a promis, à son tour, de « continuer à chercher à faire en sorte que l’Arménie rende des comptes ». « Nous continuerons à le faire même après cette décision du tribunal. Comme auparavant, l’Azerbaïdjan exigera la responsabilité de l’Arménie pour les violations historiques et graves des droits des Azerbaïdjanais ».

Photo par la Cour internationale de justice