L’Arménie perd du terrain dans le classement mondial de la corruption

Chaque année, Transparency International, organisation non gouvernementale basée à Berlin, publie un rapport classant les pays en fonction de leur niveau perçu de corruption dans le secteur public. Dans le rapport 2022, l’Arménie a perdu cinq places, passant du 58e au 63e rang.

Transparency International a publié son Indice de Perception de la Corruption 2022 et a rétrogradé la position de l’Arménie. Le pays se classe 63ème sur 180 pays évalués, contre la 58ème place l’année précédente. Le score de l’Arménie a également chuté de 49 à 46 sur une échelle de 100 points. Le gouvernement arménien s’était donné comme objectif d’atteindre un score de 55 en trois ans. Objectif non atteint, donc, et tendance à la baisse. 

Transparency International a déclaré que la baisse du score de l’Arménie reflète une “défaillance” dans la mise en œuvre des mesures pour prévenir la corruption. Varouzhan Hoktanian, responsable de la branche arménienne de l’organisme de surveillance, a déclaré que le gouvernement du Premier ministre Nikol Pashinian n’a pas réussi à mettre en œuvre correctement sa stratégie de lutte contre la corruption. Il a également mis en lumière des problèmes tels que l’application sélective de la loi, les nominations controversées de hauts fonctionnaires et les questions croissantes concernant l’intégrité des marchés publics.

Bien que Pashinian ait prétendu avoir éliminé la corruption systémique depuis son arrivée au pouvoir en 2018, les enquêtes sur la corruption menées par les organisations compétentes ont principalement ciblé d’anciens hauts fonctionnaires. Les critiques affirment que Pashinian utilise ces enquêtes pour réprimer ses adversaires politiques et que certains membres de son entourage profitent illégalement de leur position en aidant des entreprises liées à eux à remporter des contrats gouvernementaux. Sont visés par des allégations de ce type Tigran Avinyan, l’ancien vice-Premier ministre et actuellement maire adjoint de la capitale ainsi que le Président du Parlement, Alen Simonyan. La société de construction gérée par le frère de ce dernier a remporté au moins neuf appels d’offres pour la construction de routes rurales l’année dernière, ce qui a suscité des soupçons de corruption.

L’un de ces contrats valait environ 3 milliards de drams (7,5 millions de dollars). Une agence gouvernementale chargée de la construction de routes a déclaré que la société Euroasphalt a soumis une offre de seulement 8 300 drams (21 dollars) de moins que son concurrent le plus proche. La faible marge de sa victoire dans l’appel d’offres a suscité des soupçons selon lesquels Euroasphalt aurait illégalement reçu des informations confidentielles sur les autres offres. Le gouvernement arménien a également signé de nombreux contrats lucratifs avec des entreprises liées à d’autres hauts responsables.

La loi arménienne autorise le gouvernement à ne pas organiser de concours d’appels d’offres pour certaines prestations de services ou de biens, en augmentation ces dernières années. 

Interrogé par la presse sur l’enrichissement évident des familles de Simonyan et de certains autres alliés politiques, le Premier Ministre a refusé d’y voir un témoignage de corruption du gouvernement. On l’a vu cependant exprimer son mécontentement devant les résultats insatisfaisants de sa politique anticorruption en conseil des ministres la semaine dernière. La société civile arménienne exprime, elle, régulièrement sa préoccupation face à ces tendances inquiétantes pour la lutte contre la corruption.