Négociations d’un côté, affrontements violents de l’autre: tel est le climat général dans lequel se déroulent les discussions entre dirigeants arméniens et azerbaïdjanais, et celui qui a marqué les dernières discussions sur la délimitation de la frontière.
L’augmentation des tensions le long de la frontière avait amené le vice-premier ministre Mher Grigorian à proposer à son homologue azerbaïdjanais Shahin Mustafayev une réunion conjointe sur “la démarcation de la frontière et sur les questions litigieuses qui provoquent des tensions à la frontière”.
La délimitation de la frontière était également à l’ordre du jour de la réunion du 1er juin entre le premier ministre Nikol Pashinyan et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, qui s’est tenue à Chisinau, capitale de la Moldavie. À l’issue de ces entretiens, Pashinyan avait annoncé que les deux parties avaient l’air prêt à accepter de prendre comme base de discussions sur la délimitation les cartes soviétiques de 1975. Le ministère azerbaïdjanais des affaires étrangères avait toutefois réfuté l’acceptation de cette base par Bakou, et souligné que l’Azerbaïdjan avait délimité ses frontières avec d’autres États voisins “sur la base d’analyses et d’examens de documents juridiquement contraignants, plutôt que sur la base d’une carte spécialement choisie”.
Le 11 juillet dernier, des échanges de tirs à la frontière ont blessé un soldat azerbaïdjanais et deux soldats arméniens. Les affrontements ont persisté le jour suivant, alors que les commissions gouvernementales arménienne et azerbaïdjanaise en charge de la délimitation se réunissaient sur une autre section hautement militarisée, située à plusieurs centaines de kilomètres au nord-ouest de la région de Syunik-Lachin.
Pour Areg Kochinyan, analyste politique à Erevan, ces incidents frontaliers devenus fréquents et les tensions persistantes observées parallèlement aux négociations arméno-azerbaïdjanaises peuvent être expliqués de deux manières, qui ne sont pas exclusives. Premièrement, Bakou ne cherche la paix qu’en imposant ses conditions maximalistes, et lorsque ces conditions ne sont pas satisfaites, il opte pour des escalades. Deuxièmement, l’Azerbaïdjan n’est pas réellement intéressé par la paix, même dans les conditions précédemment mentionnées, et cherche à obtenir rapidement l’ensemble de la région du Haut-Karabakh.