La France, entre médiation et amitié

Sur le plateau de 1in TV, Taline Papazian, politologue et directrice d’Armenia Peace Initiative, livre son analyse sur la situation actuelle en Turquie et son impact dans le Caucase du Sud. Elle aborde également les relations entre l’Arménie et la France, qui évoluent depuis plusieurs mois sans avoir encore à ce jour de cap défini.  

📌 La situation dans le Caucase du Sud est actuellement incertaine et difficile à prévoir. D’un côté, la Russie traverse une période de fragilisation en raison de la guerre en Ukraine. De l’autre côté, les élections à venir en Turquie sont également un facteur clé pour la région. 

🗨️Malgré les derniers événements qui ont frappé la Turquie, le président Erdogan est déterminé à remporter la victoire avec sa coalition. L’atmosphère électorale est extrêmement tendue, et les scénarios possibles pour la région peuvent être très différents selon les résultats des élections. Pour l’instant, la région est en attente et observe attentivement l’évolution des événements.

🗨️ Au cours des dix dernières années, la Turquie a adopté une diplomatie transactionnelle avec l’Occident, qui s’appuie sur des intérêts et des enjeux de court terme plutôt que sur des convergences stratégiques et des valeurs communes partagées. Dans le contexte de l’après-séisme, la Turquie pourrait peut-être lâcher du lest sur l’entrée de la Norvège et de la Suède dans l’OTAN, par exemple. Il est important de comprendre cette approche de la diplomatie turque pour mieux saisir ses décisions politiques et ses relations avec les autres pays.

📌 Il est important de noter que la France a assumé un rôle prépondérant dans la reconduction de la mission d’observation européenne dans le Caucase du Sud. L’Allemagne est également devenue de plus en plus active. Une certaine coopération semble s’instaurer entre la France et l’Allemagne, le moteur européen traditionnel, autour des questions du Caucase du sud.

🗨️ Sur les relations avec les partenaires européens, la diplomatie arménienne doit être proactive. Ces relations sont dynamiques. Par exemple, elle peut choisir de montrer à l’Europe qu’elle comprend l’importance des accords énergétiques avec l’Azerbaïdjan, tout en insistant sur le fait que ces derniers doivent obliger l’Azerbaïdjan à faire plus et mieux en termes de respect du droit international. Si cela n’est pas respecté, l’Europe pourrait demander des mesures de sanctions appropriées pour garantir que les accords économiques ne se font pas au détriment de la stabilité régionale et du respect du droit international.”

🗨️ La position de la France vis-à-vis de l’Arménie, d’être à la fois “médiateur” et “ami” risque de poser problème à moyen terme. Bien qu’il y ait un intérêt et une volonté d’aller plus loin, il semble que les deux parties hésitent à prendre des risques. Il serait donc important pour eux que chacun définisse séparément puis ensemble dans un dialogue nourri les opportunités, les risques et les attentes mutuelles. 

🗨️ En Arménie, les organisations militaro-patriotiques jouent un rôle crucial en comblant certaines lacunes de l’État dans l’organisation de la défense territoriale. Elles ne le font pas contre l’Etat, au contraire. Il est du devoir de l’Etat d’être plus proactif dans le soutien, l’organisation et la structuration de la défense territoriale. Ces organisations sont d’une importance cruciale pour la prise de conscience et la responsabilisation des citoyens dans le travail de défense de l’indépendance de l’Arménie.