Depuis plusieurs années, la région du Haut-Karabakh est le théâtre d’une tragédie humanitaire largement ignorée par la communauté internationale. Alors que les violations des droits de l’homme continuent de s’y multiplier, l’attention du monde reste étonnamment absente. Thomas Becker, directeur juridique et politique du University Network for Human Rights, a récemment partagé son expérience sur le terrain en Arménie et au Haut-Karabakh. Ses observations mettent en lumière non seulement l’ampleur des abus, mais aussi le silence troublant des instances internationales face à ces atrocités.
Le contexte des violations
Après la guerre de 2020, le University Network for Human Rights a commencé à enquêter sur les conséquences du conflit au Haut-Karabakh. Becker et son équipe ont réalisé une série de missions d’enquête, documentant des violations des droits de l’homme qui ont, selon eux, abouti à un nettoyage ethnique systématique. Ils ont publié un rapport de 200 pages détaillant ces abus, rapport qui dénonce également un risque de génocide dans cette région enclavée.
Malgré la gravité des accusations, Becker souligne que ce qui rend cette situation unique, c’est le manque presque total de réponse de la communauté internationale. “Je n’ai jamais vu de violations des droits aussi extrêmes se produire sans aucune réponse réelle”, déclare-t-il. Selon lui, le gouvernement azerbaïdjanais, loin de dissimuler ses actions, les affiche ouvertement, comme en témoignent les propos publics de son président, Ilham Aliyev, sur le nettoyage ethnique des Arméniens du Haut-Karabakh.
L’appel à la responsabilité internationale
Becker appelle à une responsabilité claire des auteurs de ces crimes, des soldats de rang jusqu’aux plus hauts dirigeants. Il insiste sur le fait que la communauté internationale doit prendre des mesures concrètes pour répondre à ces atrocités. Dans un article publié dans Newsweek, il propose plusieurs actions, notamment des sanctions ciblées contre l’Azerbaïdjan, des interdictions de voyage, des gels d’avoirs, et le boycott de la COP29, prévue en novembre à Bakou.
Pourtant, malgré ces propositions, Becker constate avec regret l’absence d’initiatives concrètes de la part des grandes puissances et des organisations internationales. “L’Azerbaïdjan doit être tenu responsable, et pas seulement les individus qui ont commis ces crimes, mais aussi l’État dans son ensemble”, affirme-t-il.
Un silence complice de la communauté internationale
Ce silence de la communauté internationale n’est pas sans conséquence. Selon Becker, l’inaction face à ces crimes envoie un message dangereux aux autres régimes autoritaires dans le monde : celui de l’impunité. “Lorsque vous normalisez un tel comportement, vous encouragez d’autres autocrates à faire de même”, avertit-il. Le Haut-Karabakh est aujourd’hui classé comme l’endroit le moins libre au monde par Freedom House, pire que la Corée du Nord ou la Syrie.
Becker souligne également que la situation au Haut-Karabakh pourrait bien n’être que la première d’une série de crises similaires si la communauté internationale continue de fermer les yeux. Il craint que des accords de paix, conclus à la hâte et au détriment des populations déplacées, ne conduisent à de nouvelles violences dans la région.
Thomas Becker et son organisation continuent de plaider pour que la vérité soit entendue et que justice soit rendue aux victimes du Haut-Karabakh. Leur travail, qui allie enquête sur le terrain et plaidoyer international, vise à faire pression sur les gouvernements et les institutions pour qu’ils agissent enfin. À l’approche de la COP29, la communauté internationale a une opportunité cruciale de mettre en lumière les atrocités commises au Haut-Karabakh et de rappeler que les droits humains doivent rester une priorité mondiale.
Le silence n’est plus une option. Les victimes du Haut-Karabakh attendent justice, et le monde doit répondre à cet appel.