Azerbaïdjan : nouvelle vague de répression contre les voix anti-guerre

Par Anna Baghdasaryan

En Azerbaïdjan, les voix en faveur de la paix se font rares. Le sort des individus courageux, une minorité, qui osent s’opposer à la guerre ne surprend personne : sanctions, emprisonnement, persécutions, violences. En septembre 2022, nous avions dressé une série de portraits de militants pour la paix en Azerbaïdjan. Le gouvernement azerbaïdjanais continue d’étouffer l’important soutien des militants azerbaïdjanais à la cause de la paix avec l’Arménie. Cette fois-ci, c’est un média indépendant azerbaïdjanais, basé en Allemagne, qui met en lumière cette réalité.

Selon les informations de Meydan.tv, la répression des activistes anti-guerre en Azerbaïdjan a débuté avec la convocation d’activistes sociaux par le Service de Sécurité d’État le 19 septembre 2023, suivie de l’arrestation de jeunes qui manifestaient publiquement leur opposition à la guerre contre l’Arménie. Ces activistes ont été détenus et condamnés pour des “infractions’’ liées à leurs publications sur les réseaux sociaux et à leur prise de position publique contre le conflit.

Amrah Tahmazov, un activiste social connu pour ses positions anti-guerre sur son compte de médias sociaux, a été arrêté et condamné à 30 jours d’emprisonnement administratif par le tribunal du district de Barda. Les charges retenues sont liées à la diffusion d’informations interdites sur les réseaux de stockage d’informations ou de télécommunication.

Tahmazov avait annoncé sur sa page Facebook qu’il avait été convoqué au Bureau du Procureur Général quelques heures seulement avant son jugement. La rapidité des procédures du bureau du procureur jusqu’à la salle d’audience a soulevé des questions concernant le timing et la transparence du processus légal.

Nemet Abbasov, autre activiste anti-guerre, a connu un sort similaire. Il a été arrêté et condamné à 30 jours d’emprisonnement administratif par le tribunal du district de Narimanov, sous des accusations de “désobéissance à une demande légale de la police.” Son arrestation a eu lieu peu de temps après qu’il ait lui-même signalé que la police le recherchait.

Le journaliste Nurlan Kahramanli, connu sous le nom de Libre, a été pris à son domicile à Sumqayit le 21 septembre. Il a ensuite été condamné à 30 jours de détention administrative par le tribunal du district de Yasamal. Kahramanli a été inculpé pour “avoir partagé des informations interdites de diffusion sur les réseaux de stockage d’informations ou de télécommunication.” Son épouse, Asli Kahramanli, a déclaré que l’arrestation a été faite par des individus en civil qui ont refusé de l’informer sur sa destination. Il a été initialement emmené au Département de Police de la Ville de Sumqayit, puis au Bureau du Procureur Général.

Kahramanli a révélé avoir reçu des menaces pendant une convocation au Service de Sécurité d’État le 13 septembre dernier, assorties d’injonctions de cesser ses publications anti-guerre sur les réseaux. Selon Meyan.tv, sa détention subséquente et son emprisonnement ont attiré l’attention internationale, car il a signalé avoir été soumis à des violences pendant et après son arrestation.

Malgré les protestations de l’avocat de Kahramanli, Elchin Sadigov, et leurs démentis concernant la publication d’informations confidentielles, la Cour d’Appel de Bakou a confirmé l’arrestation de 30 jours. La détention de Nurlan Kahramanli a été largement critiquée comme une violation de la liberté d’expression.