Dans une interview diffusée sur RFI Orient Hebdo, Eric Bataillon interroge Taline Papazian, politologue, directrice d’Armenia Peace Initiative sur les négociations en cours entre Bakou et Erevan, les risques auxquels sont confrontés les Arméniens du Haut-Karabakh, le rôle de l’Union européenne et de la Russie, ainsi que l’importance des initiatives de la société civile.
🗨️Depuis le 10 novembre 2020, la Russie a démontré à plusieurs reprises la priorité accordée à son partenariat stratégique avec l’Azerbaïdjan. L’Arménie a parfaitement compris qu’elle se trouvait désespérément seule. Le canal diplomatique occidental la soulage un peu du face à face tendu et étouffant avec la Russie.
🗨️L’Azerbaïdjan mène depuis 2020 une stratégie de grignotage du territoire de l’Arménie afin de renforcer, par une présence constante et par des attaques régulières sur son territoire, sa position de force à la table de négociations. La reconnaissance de l’intégrité territoriale est nécessaire des deux côtés. Mais à ce jour Bakou n’a pas emboîté le pas à Erevan dans cette position de principe.
🗨️L’indépendance du Haut-Karabagh est un scénario obsolète depuis le 10 novembre 2020. L’Arménie a été exclue du jeu à l’issue de la guerre des 44 jours, puisque c’est la Russie qui est présente sur le terrain. L’Arménie ne garantit plus la sécurité de la population arménienne du Haut-Karabagh et donc les Arméniens sont évidemment très inquiets du devenir de cette population que Bakou souhaite “intégrer” à sa façon. La réalité de cette intégration dans un pays qui est connu pour bafouer les droits des minorités et être un régime ultraviolent et autoritaire s’annonce sombre. Il y a de très fortes chances que la population arménienne du Haut Karabagh soit contrainte de choisir entre le départ ou vivre dans des conditions de plus en plus difficiles à supporter.
🗨️L’Azerbaïdjan dispose de moyens diplomatiques et économiques importants. Le rapport de forces joue clairement en faveur de l’Azerbaïdjan. Ce déséquilibre ne favorise pas la paix. Les médiateurs occidentaux et européens auraient les moyens de réduire ce déséquilibre mais choisissent de ne pas le faire. Un calcul court termiste est fait : maintenir une stabilité toute relative et précaire plutôt que de prendre la responsabilité de donner les moyens d’une vraie paix au Caucase du sud.
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