Tbilissi, 29 novembre – 2 décembre 2024
L’avenue Rustaveli, au cœur de la capitale géorgienne, est le théâtre de manifestations de grande ampleur, marquées par des affrontements avec les forces de l’ordre et de plus de 200 arrestations, y compris jusqu’au domicile de certains manifestants. Les tensions politiques se sont encore intensifiées quand le gouvernement géorgien a déclaré suspendre les négociations avec l’Union européenne jusqu’en 2028. La bascule du pays le plus pro-européen du Caucase du sud s’accélère à la suite des élections du mois dernier, dont les résultats sont contestés. La résistance de la société géorgienne suffira-t-elle à arrêter le processus de sortie de l’Etat de droit et de la voie européenne de la Géorgie?
Violents affrontements dans la capitale
Le 29 novembre, les manifestations, concentrées autour de l’avenue Rustaveli et de la place de la Liberté, ont dégénéré en heurts majeurs. Les forces de l’ordre ont eu recours à des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des véhicules spéciaux pour disperser les foules. Les manifestants sont accusés d’avoir endommagé des infrastructures autour du Parlement, notamment des câbles électriques et des barrières de sécurité. En réponse, ils ont érigé des barricades, provoquant des confrontations musclées.
A la fin de la 2eme journée de manifestations, le ministère de l’Intérieur rapportait l’arrestation de 107 personnes pour « désobéissance aux ordres légitimes » et « hooliganisme mineur ». Dix policiers ont été blessés, tandis que le nombre de victimes parmi les manifestants reste incertain.
Les revendications des manifestants
Les rassemblements ne faiblissent pas, malgré les dispersions brutales. Les manifestants dénoncent un manque de couverture médiatique des événements par le radiodiffuseur public, qu’ils accusent de ne pas servir les intérêts du peuple. Devant le bâtiment du diffuseur public, ils exigent une diffusion en direct et la démission de plusieurs responsables.
Le 1er décembre, environ 50 personnes ont été arrêtées, portant le total des arrestations à 200 depuis le début des manifestations. Les affrontements ont pris une tournure plus violente, des manifestants lançant des pierres et des cocktails Molotov sur les forces spéciales stationnées près du Parlement.
Blocages et tension dans d’autres villes
Les manifestations ont également touché d’autres régions de Géorgie et les villes moyennes se joignent à la capitale. À Poti, des manifestants ont bloqué une autoroute stratégique.
Un avenir européen incertain
Le 2 décembre, le gouvernement géorgien a confirmé que le processus d’adhésion à l’Union européenne est retiré de l’ordre du jour pour les quatre prochaines années. Cette décision, annoncée par Irakli Kobakhidze, a intensifié le mécontentement populaire, reflétant une fracture profonde entre les aspirations européennes de la société et les choix politiques des dirigeants.
Alors que la situation reste volatile, les appels au dialogue se multiplient, mais les perspectives d’apaisement semblent incertaines.