Afin d’éclairer la question de la normalisation des relations entre la Turquie et l’Arménie, Alik Media, chaîne d’informations indépendantes, propose une série d’interviews avec des personnalités culturelles, intellectuelles, journalistiques, diplomatiques ou associatives turques. Menés par la journaliste Lilit Grigoryan depuis la cour de l’église Saint Vartan à Feriköy, Istanbul, ces entretiens approfondis ouvrent des fenêtres permettant d’entrevoir “le jour d’après”.
Numéro 1: Vedat Akçayöz : “Je vois le pont d’Ani comme le pont de la paix”
Président de l’Association culturelle et artistique de Kars, écrivain passionné, Akçayözœuvre pour la création de ponts culturels entre les pays de la région. Dans ses ouvrages, il révèle des faits encore méconnus sur la ville antique d’Ani, en déchiffrant et reconstituant les images les plus anciennes sur le plafond de la cathédrale d’Ani.
Akçayo souligne que ses travaux présentent les liens de coexistence et d’amitié qui existèrent entre Arméniens et Turcs. Il a proposé en 2008 la restauration du pont détruit d’Ani, espérant que ce projet, crucial tant sur le plan technique que symbolique, passe enfin à une phase pratique. Pour lui, la reconstruction du pont, dont les fondations sont fragilisées au point de pouvoir s’effondrer, pourrait devenir un symbole puissant de dialogue et de rapprochement dans le cadre du processus de paix arméno-turc.
L’importance du dialogue direct
Vedat Akçayöz insiste sur l’importance du dialogue direct, sans l’intervention de tiers, ce qui, selon lui, complique et entrave le dialogue : “La question arménienne sera résolue par le peuple d’Anatolie : Arméniens, Turcs, Kurdes”. En répondant à une question sur l’ouverture possible des frontières et l’établissement de la paix, il prône un processus graduel, prenant en compte les préoccupations des deux parties.
Similitudes culturelles et opportunités économiques
Akçayöz note également les nombreuses similitudes culturelles entre Arméniens et Turcs, observables dans des domaines tels que la culture, les arts, la gastronomie, l’architecture et la littérature. “Dans ce domaine, la trace des Arméniens est partout”, dit-il. Il croit fermement que ces points communs peuvent servir de base solide pour le développement futur des relations.
Il souligne aussi l’opportunité économique que représenterait pour l’Arménie l’exploitation du corridor de Zangezur -terme sur lequel il n’apporte pas de commentaires-, apportant un avantage considérable à ce pays enclavé.
Un message d’espoir
Malgré les blessures historiques, Akçayöz appelle à ne pas se refermer sur le passé mais à engager le dialogue. Il exprime sa conviction que le langage de la culture peut transformer même les ennemis en amis, et que les véritables frontières à surmonter sont celles de l’esprit. En continuant de promouvoir le dialogue culturel et artistique, il espère contribuer à un avenir pacifique entre les deux nations.
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