Par Anna Baghdasaryan
Deux semaines après l’attaque à grande échelle contre le Haut-Karabakh, Bakou a publié la liste des militaires azerbaïdjanais tués lors des opérations des 19 et 20 septembre 2023. Parmi eux, nombreux étaient ceux qui n’avaient atteint l’âge de la conscription qu’en avril ou en juillet de la même année. Cette révélation met clairement en lumière l’utilisation importante de conscrits dans le cadre d’une offensive d’envergure, mettant ainsi en question les déclarations officielles de Bakou qui qualifiaient cette opération d’ “opération antiterroriste locale”.
Deux semaines après l’attaque à grande échelle contre le Haut-Karabakh, Bakou a publié la liste des militaires azerbaïdjanais tués lors des opérations militaires des 19 et 20 septembre 2023, ainsi que des informations sur leurs grades et âges. Selon la liste publiée par le département militaire de l’Azerbaïdjan, en seulement 24 heures, l’armée du pays a perdu au moins 192 de ses membres, dont 66, soit plus d’un tiers, étaient des conscrits. Parmi les victimes, 11 sont nées en 2005, 43 en 2004 et 12 en 2003. Il est également important de noter que parmi les Azerbaïdjanais décédés au Haut-Karabakh lors de l’attaque des 19 et 20 septembre, certains avaient commencé leur service entre trois et six mois auparavant. Cela signifie que ces militaires ont été envoyés en première ligne dès les premiers mois, voire les premières semaines de leur service militaire.
La présence importante de conscrits indique également que les opérations entreprises par l’Azerbaïdjan le 19 septembre étaient une opération de guerre à grande échelle utilisant divers types de troupes, et non une “opération antiterroriste locale”, comme l’affirme officiellement Bakou.
L’analyse des données publiées par le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan indique des tendances concernant la proportion d’officiers tués lors de l’attaque contre l’Artsakh. Comme lors de la guerre des 44 jours de 2020, les 19 et 20 septembre, on a observé un nombre élevé de victimes parmi les sous-officiers et officiers intermédiaires. Témoins de l’intensité et de la proximité des combats avec l’armée d’autodéfense de l’Artsakh, l’armée azerbaïdjanaise a perdu 28 sous-officiers en 24 heures, contre une moyenne de 5 par jour pendant la guerre de 2020. Les pertes parmi les officiers intermédiaires sont également importantes: 7 capitaines, 4 majors et 1 lieutenant-colonel (chiffres officiels).
Les informations fournies par le département militaire de l’Azerbaïdjan sont fragmentaires. Outre un certain nombre de données personnelles sur les militaires, les responsables de Bakou ne fournissent aucune information concernant les circonstances de leur décès ni leur lieu de naissance. Depuis deux semaines, les médias azerbaïdjanais indépendants basés à l’étranger tentent de combler ce manque d’information en examinant des sources ouvertes, notamment le site internet Meydan TV, basé dans la capitale allemande. Ce média affirme d’abord que le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan masque délibérément une partie des pertes subies les 19 et 20 septembre.
Le site internet a établi sa propre liste des militaires azerbaïdjanais décédés lors de l’attaque contre l’Artsakh, en se basant sur les publications sur les réseaux sociaux et les entretiens avec des employés du gouvernement local. La liste publiée par Meydan TV met en lumière des tendances en termes d’origine géographique des militaires azerbaïdjanais tués au combat. Il est clairement évident dans la liste que lors des combats des 19 et 20 septembre, la région du sud-est de l’Azerbaïdjan, peuplée principalement de Talyshes, a enregistré le plus grand nombre de victimes. Selon Meydan TV, 30 des militaires décédés (représentant 15 pour cent du nombre total) sont originaires des régions de Lankaran, Jalilabad, Massali, Lerik et Astara. À titre de comparaison, Bakou, qui compte plus de 2 millions d’habitants, et Ganja, la deuxième plus grande ville du pays, ne comptent que 7 victimes chacune.