L’UE dans le Caucase du Sud après la guerre du Haut-Karabakh en 2020

Quel est le rôle de l’Union européenne et ses intérêts au Caucase du Sud dans la période de l’après guerre de 2020? Taline Papazian et Tigrane Yegavian font le point dans un article publié le 23 mai 2023, par Armenian Virtual College. 

Les auteurs identifient quatre axes pour cerner le rôle de l’UE dans la région du Caucase du Sud: intérêt géostratégique, incitations diplomatiques, sécurité et l’énergie. L’UE est un partenaire du développement économique de la région. Elle accompagne aussi financièrement et normativement les réformes démocratiques. Son rôle géostratégique reste limité. L’article examine la position de l’UE sur la question du Haut-Karabakh et note que l’UE s’est limitée à soutenir le Groupe de Minsk et s’est retrouvée dans une grande incertitude dans la période suivant immédiatement la guerre de 2020 qui de fait s’est terminée sans son intervention. Elle a amorcé son retour dans les discussions en 2021 et occupe un rôle croissant dans la médiation depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Avec quels résultats? 

Cherchant à réduire sa dépendance à l’égard de la Russie concernant les fournitures d’hydrocarbures, l’EU a renforcé la position de l’Azerbaïdjan parmi ses principaux partenaires en la matière. A la rigueur, ce deux poids deux mesures entre la Russie et l’Azerbaïdjan, aurait pu être moins incohérent si l’Europe avait assorti ces contrats à un certain nombre de demandes en termes de respect des droits de l’homme et de protection des minorités, particulièrement en ce qui concerne les Arméniens du Haut-Karabakh. Elle ne l’a pas fait. Par ces choix, l’Europe décrédibilise son soft power et sa posture  morale de défenseur des démocraties assiégées par des régimes autoritaires aux portes de l’Europe. 

L’article examine également l’attitude diplomatique de la France dans le conflit du Haut-Karabakh, qui n’est pas fondamentalement différente de celle de l’Europe en dépit de certaines déclarations de l’exécutif et d’une grande partie de la classe politique. 

En ce qui concerne l’engagement de la France en matière de sécurité de l’Arménie, la possibilité d’une assistance militaire française n’existe pas à ce jour. Il y a néanmoins une attention sans précédent de la France à la question de la défense de l’Arménie à la suite de l’agression militaire de l’Azerbaïdjan en septembre 2022. La coopération bilatérale dans ce domaine commence. 

Suivent quelques recommandations pour l’Arménie: augmentation de la capacité de sécurité et de défense; établissement d’un système de sécurité intégré, basé sur les normes de l’OTAN, et passant par la mobilisation de la société arménienne; recherche d’alliances solides, fiables et diversifiées pour permettre à sa diplomatie de retrouver des complémentarités saines.

Pour accéder au rapport, veuillez cliquer ici.