Le 17 février dernier, Nina Karapetyants, défenseure des droits de l’homme et directrice de l’Association d’Helsinki, a rendu publique une liste de fonctionnaires ayant soit démontré de la mauvaise volonté soit entravé l’enquête portant sur cinq cas de conscrits tués hors opérations militaires, entre 2010 et 2018. Les familles ont toujours contesté les conclusions des enquêtes officielles, en particulier celles concernant les suicides de deux des conscrits (Valerik Muradyan en 2010 et Levon Torosyan en 2018).
Cette liste établit les noms d’une centaine de fonctionnaires, dont enquêteurs, médecins légistes, procureurs, juges, officiers de la police militaire et militaires concernés. Une grande partie de ces personnes est toujours en poste à l’heure actuelle. Selon les mères des victimes et leurs représentants, l’ancien ministre de la Défense de la République d’Arménie, Seyran Ohanyan, l’ancien président de la commission d’enquête Hayk Grigoryan, ainsi que les anciens procureurs en chef de la République d’Arménie Gevorg Kostanyan et Artur Davtyan, entre autres, sont accusés d’avoir dissimulé les circonstances de la mort de leurs fils pendant des années.
Les noms de ces anciens et actuels responsables sont devenus connus grâce au travail d’un groupe d’enquête alternatif officiellement formé en 2020 (sur recommandation du Premier ministre), dirigé par Anna Vardapetyan, procureur générale, et composé pour moitié d’avocats nommés par les ayant-droits des victimes, et représenté par Arayik Papikyan. Les résultats de l’enquête alternative, document largement les violations subies par ces conscrits, ont été envoyés au Premier ministre et à la procureure générale. Sur la base des résultats de l’enquête, les familles des victimes demandent à ce que les événements soient requalifiés en homicide et la réouverture des enquêtes.
Dans cette interview, Nina Karapetyants aborde les problèmes de corruption systémique encore présents en dépit des améliorations depuis 2018.