La frontière entre la Turquie et l’Arménie a rouvert le temps de laisser passer l’aide humanitaire envoyée par l’Arménie samedi 11 février. 100 tonnes d’aide humanitaire (nourriture, médicaments et autres fournitures de secours) a été envoyée par le gouvernement arménien aux victimes des tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé le sud-est de la Turquie.
Le vice-ministre arménien des affaires étrangères Vahan Kostanian, a publié une vidéo du convoi de cinq camions traversant un pont sur la rivière Arax qui sépare les deux pays. Serdar Kilic, haut diplomate turc et représentant spécial pour la Turquie dans les pourparlers de normalisation avec l’Arménie, a tweeté des photos des camions et remercié Erevan pour son aide. “Je me souviendrai toujours de l’aide généreuse envoyée par le peuple arménien pour soulager les souffrances de notre peuple dans la région touchée par le tremblement de terre en Turquie”, a écrit Kilic. “Heureux d’avoir pu aider”, a répondu pour sa part son homologue arménien, Rouben Rubinian.
Cette aide humanitaire devrait être livrée aux habitants de la ville d’Adiyaman, dans le sud-est de la Turquie. Les populations kurdes sont particulièrement touchées par ce séisme de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février. Les dernieres estimations du nombre de morts sont de plus de 31000 pour la Turquie et autour de 20000 pour la Syrie. Parmi les morts se trouvent plusieurs victimes d’origine arménienne.
Joignant ses efforts à ceux de nombreux autres pays, l’Arménie a déployé dans la ville d’Adiyaman une équipe de recherche et de sauvetage de 27 personnes dès mercredi, à la suite d’un appel téléphonique du Premier ministre Nikol Pashinian au président turc Recep Tayyip Erdogan. Garo Paylan, député HDP d’origine arménienne, était sur place. Il a déclaré samedi que l’équipe avait sauvé une fillette de huit ans des décombres d’un immeuble effondré à Adiyaman.
L’Arménie a également envoyé 29 sauveteurs et un avion rempli d’aide humanitaire dans la ville d’Alep, au nord de la Syrie, qui a également été durement touchée par le séisme. Selon l’agence de presse turque Anadolu, Ankara a ouvert le poste de contrôle d’Alican, à la frontière turco-arménienne, pour la première fois en 35 ans.
Depuis des décennies, la Turquie conditionne l’ouverture de la frontière et l’établissement de relations diplomatiques avec l’Arménie à un accord de paix arméno-azerbaïdjanais acceptable pour l’Azerbaïdjan. Les dirigeants turcs ont réaffirmé à plusieurs reprises cette condition préalable depuis le début des pourparlers de normalisation avec Erevan en janvier 2022.
Kilic et Roubinian ont tenu quatre cycles de négociations avant d’annoncer en juillet que la frontière sera ouverte aux citoyens de pays tiers. Les deux parties ont également convenu d’autoriser les expéditions mutuelles de marchandises par voie aérienne.
Des suspicions se font déjà entendre sur la piètre qualité d’une partie des bâtiments effondrés, mettant en cause certaines sociétés proches du pouvoir turc et qui ont bénéficié du boom immobilier de ces deux dernières décennies. 134 promoteurs immobiliers ont déjà été arrêtés : ils sont impliqués dans la construction de bâtiments qui se sont effondrés. Le même type de suspicions sur l’absence de respect des normes antisismiques ou la mauvaise qualité du bâti existent en Arménie vis à vis des sociétés de promotion immobilière qui ont obtenu dans l’opacité nombre de marchés lors des travaux de réaménagement du centre de la capitale arménienne dans les années 2000 et 2010.